Yomeddine
Dans le cadre du panorama Cinéma du proche et moyen orient. En VO.
De A.B. Shawky
1h37 – drame, aventure, comédie
Présentation
Au dernier festival de Cannes, Yomeddine, premier film d’un jeune cinéaste égyptiensélectionné en compétition officielle a suscité un fort engouement: le public a applaudi à tout rompre au générique final. Il faut dire que ce road movie est particulièrement émouvant. On y découvre le voyage qu’entreprend Beshay, un chiffonnier dont le corps a été ravagé par la lèpre, en compagnie d’un jeune
orphelin surnommé Obama… Bringuebalés dans une carriole tirée par un âne fatigué, ils vont subir des violences et des humiliations cinglantes.
Contre toute attente, ce pitch ne débouche pas sur un film misérabiliste mais sur une quête humaniste et pragmatique. Loin de nous faire croire à une bienveillance généralisée entre les exclus, Yomeddine (Jour du Jugement dernier en arabe) déroule un ensemble de situations dramatiques qui sont transcendées par une complicité fragile mais réelle entre Beshay et Obama. Certaines scènes prennent de la hauteur vis-à-vis du réel (comme lorsqu’ils voyagent sur le toit d’une locomotive) ou sont parfois teintées de comique.
La réussite de ce premier film est due à l’interprétation de Rady Gamal, lui-même ancien lépreux, analphabète, repéré dans une léproserie au nord du Caire où il vit toujours. Le recours à ce non-professionnel a été le point de départ du cinéaste : «L’idée est de ne pas détourner le regard des exclus que l’on croise dans le film et de voir au-delà de leur apparence pour se concentrer sur leur personnage». Malgré son fond a priori pesant, Yomeddine est traité avec légèreté, mettant l’accent sur le courage de Beshay face à la misère. Ce film n’est donc pas une simple curiosité mais bien une œuvre humaniste d’une rare intégrité.