It must be heaven
Dans le cadre du panorama Cinéma du proche et moyen orient. En VO.
De Elia Suleuman
1h42 – comédie, drame
Présentation
Après Le Temps qu’il reste, il aura fallu dix ans pour que le cinéaste palestinien Elia Suleiman «nous donne à la fois de ses nouvelles, et des nouvelles du monde, tel qu’il le voit, et rappelle à quel point son regard poétique, burlesque et politique nous est précieux» (Stéphane Goudet, Positif). La difficulté à produire ses films le conduit à se moquer de lui-même en mettant en scène des rendezvous calamiteux avec des producteurs qui vont par exemple lui reprocher le côté insuffisamment palestinien de son scénario…
Le récit des frustrations de notre « Buster Keaton palestinien» alimente le récit de ce film morcelé entre la Palestine, la France et les États-Unis. À chaque étape de son voyage, le cinéaste épingle les situations et les gestes les plus absurdes qu’il chorégraphie avec une ironie grinçante. À Paris, des policiers motorisés dessinent avec leurs gyroroues électriques d’énigmatiques figures sur le bitume. À New York, des clients d’une supérette font leurs courses, bardés d’armes de guerre… Quant à Nazareth, le conflit se joue uniquement entre lui et son encombrant voisin qui s’intéresse de trop près à ses citronniers. L’allusion ne trompera personne mais c’est bien là la marque de fabrique de Suleiman: une politisation discrète mais cinglante de son cinéma.
Il faudra donc être attentif à son jeu de piste composé de saynètes qui se répondent discrètement dans un mode burlesque, lent et métaphorique. Cette tragi-comédie questionne les murs qui divisent désormais notre monde et finissent par remettre en cause notre humanité. Comme si Tati s’était soudainement exilé dans le chaos du XXIe siècle.